De la bioéthique aux actions humanitaires, de la sauvegarde de l’environnement à la moralisation des affaires, de la politique et des médias, les croisades contre la drogue et le tabac, partout apparaît la revitalisation des « valeurs » et l’esprit de responsabilité sont brandis comme l’impératif premier de notre époque. Alors qu’il y a peu nos sociétés s’électrisaient à l’idée de libération individuelle et collective, aujourd’hui la morale s’annonce comme la valeur fondamentale de toute société idéale. Dans Le Crépuscule du devoir, Gilles Lipovetsky, auteur notamment de L’Ère du vide, compose une analyse importante sur ce phénomène et explique qu’il n’y a en fait aucun « retour à la morale », cet âge du devoir rigoriste s’étant éclipsé au bénéfice d’une culture inédite qui diffuse davantage les normes du bien-être que les obligations suprêmes de l’idéal, comme un espèce de « show » récréatif qui place en tête les droits subjectifs et abandonne le devoir jugé « déchirant ». Une nouvelle phase donc de la culture individualiste qui n’exclut pas les revendications intransigeantes et leur aveuglement. Face aux menaces de cette nouvelle quête de la morale comme du cynisme à courte vue, l’auteur réhabilite l’intelligence en éthique qui se montre moins soucieuse d’intentions pures que de résultats bénéfiques pour l’homme. Le visage de demain sera à l’image de cette lutte. | LE CREPUSCULE DU DEVOIR by Gilles Lipovetsky, Paperback | Indigo Chapters