Même si nous n'en avons pas tout à fait conscience, nous nous représentons la vérité comme ce qui ne change pas. Ainsi, ce que nos parents nous ont dit, ce que nos amis nous disent, nous y croyons - peut-être parce que nous désirons sincèrement y croire, peut-être parce que le désir de croire à la vérité, tellement sécurisant, est plus fort que l'acceptation du changement. Car on a bien souvent changé de vérités au cours de l'histoire, tant scientifiques, politiques, morales que dans nos simples existences. Ainsi, loin que la vérité se confonde avec une sorte d'éternité qui copierait la réalité, ne faut-il pas lui accorder un caractère historique, en ce qu'elle serait, comme nous tous, soumise au temps et à son élaboration ? Et si la vérité n'était pas derrière nous, simple constat de l'existence des choses, mais plutôt devant nous, comme ce que nous construisons et ne cessons d'inventer avec les autres ? Loin d'être assurée et rassurante, faudrait-il alors la penser comme une croyance, dotée d'une certaine valeur ? On s'aperçoit qu'à cette conception historique, toujours notre désir de vérité immuable se heurte, nous empêchant peut-être de déployer à sa juste mesure notre pouvoir créatif. | Une histoire de la vérité by Nathalie Monnin, Paperback | Indigo Chapters